Les hyperconnectés sont devenus des m-consommateurs
Pour Hervé Le Jouan, l'explosion de l'Internet mobile est en passe de révolutionner la notion même de connexion, les consommateurs ayant désormais à portée de main un canal de communication aux usages multiples. Et ceux qui aujourd'hui sont connectés 24/24 avec leurs réseaux sociaux via leur mobile seront les m-consommateurs de demain...
juin 2009
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Si on parle d'hyperconnectivité du consommateur, c'est notamment parce que l'Internet mobile est en pleine explosion...
En effet ! Aujourd'hui, 29% des Français ayant un abonnement mobile surfent sur Internet avec leur téléphone. Soit une progression de 38% en un an ! Très certainement, l'arrivée de l'iPhone a marqué une rupture, a entraîné de nouveaux usages et l'émergence de nouveaux téléphones dotés de grands écrans tactiles facilitant la navigation Internet. En parallèle, les opérateurs ont proposé des abonnements spécifiques pour surfer librement à un prix fixe et abordable. 5% des Français y ont déjà accès, contre 15% aux Etats-Unis, en avance sur ce marché. Une chose est sûre : pour les consommateurs, le mobile est le canal de demain, l'outil qu'on a 24h/24 sur soi, à moins d'un mètre de la main.
Comment se développent les usages de ce nouveau canal ?
C'est d'abord en fonction des coûts que le consommateur régule ses usages d'un support. Aux Etats-Unis, par exemple, le SMS s'est développé très tardivement car il coûtait plus cher qu'une communication classique, alors que la messagerie instantanée sur portable s'est immédiatement imposée. En Europe, en revanche, 90% des abonnés utilisent le SMS, développé par les opérateurs à un coût bas. L'usage de l'Internet mobile, lui, va se développer avec l'avènement des forfaits spécifiques à prix fixes, comme on peut en trouver avec les forfaits ADSL sur Internet. Ensuite, le mobile est par essence le canal de la micro-mobilité, disponible à tout moment. En Grande-Bretagne, une étude a montré que 22% du temps total passé en navigation sur l'Internet mobile se situe entre 7h et 10h du matin, comparé à 11% sur l'Internet fixe. Cela veut dire que dès le réveil, on consulte les infos sur son mobile, la météo ou le sport, on surfe pendant son trajet domicile-travail, notamment sur Facebook ou Twitter. En France, 4 millions d'utilisateurs surfent sur les réseaux sociaux via leur mobile, soit +282% en un an !
Ces utilisateurs de réseaux sociaux sont-ils les m-consommateurs de demain ?
Certainement. Car ils savent déjà comment trouver de l'info sur l'Internet mobile, et sont très sollicités. Le m-commerce arrive à grand pas : dès la fin de l'année, des marques comme la Fnac, Carrefour, Auchan et d'autres grandes enseignes vont tester le paiement sécurisé par mobile dans leurs magasins, via la norme NFC (Projet Ergosum). L'idée, c'est qu'un jour, le mobile puisse remplacer la carte bleue, le Pass Navigo, la carte de fidélité... Au Japon, l'utilisation du flash code pour effectuer un achat via son mobile, ou obtenir des infos sur un produit est déjà très en vogue. Toutes ces tendances du m-commerce vont s'installer progressivement en Europe.
L'Internet mobile devenant un canal à part entière, il faut donc que l'on sache mesurer son audience...
Oui, et on y travaille ! Pour l'instant, nous ne pouvons pas encore mesurer cette audience avec précision. Plus de 630 modèles de mobiles sont utilisés pour surfer sur Internet, représentant de très nombreuses et différentes technologies ! Elaborer un système de mesure est donc plus complexe que sur l'Internet PC, où il « suffisait » de développer un logiciel sur Windows pour couvrir 90% des utilisateurs dans le monde. Mais un projet a été lancé par le GSMA, l'association représentant les Opérateurs GSM au niveau mondial. L'objectif : avoir un outil d'audience de la consommation mobile, à la fois Internet et SMS publicitaire, qui devrait être disponible dès 2010 et s'appuierait sur des informations provenant des opérateurs. Un outil essentiel pour les marques, car le mobile, média réellement individuel, sera une plateforme d'avenir dans le marketing mix des annonceurs.